Les albums qui m’ont changé la life : Bridge Over Troubled Water

Va te cacher de honte si tu ne connais pas Simon & Garfunkel ! Les nullos en bonne musique ne sont pas acceptés sur ce blog. Un minimum de classe musicale est désormais exigé, même si j’ai un peu de mal à croire que quelqu’un puisse ne pas connaître au moins une des mélodies de ce duo.

Flashback sur l’année 1992. Mes parents viennent de m’offrir un labrador à défaut d’un petit frère pour me tenir compagnie, et je passe désormais tous mes mercredis à réparer les conneries de ce chiot turbulent qui peut littéralement mettre à sac un appartement de 120 m² en moins d’une demi-journée. [Rest in peace mon gros loulou, t’as été un chouette copain !] Pris en flagrant délit de violation du sacro-saint bureau de mon père, ledit chiot - pas peu fier de son 45 tours de Joe Dassin dans la gueule - me regarde bêtement en remuant la queue devant les cartons de vieux disques qu’il vient de découvrir dans un placard mal fermé.

Et là, face aux cartons poussiéreux, je réalise avec effroi que non seulement mes parents ont été jeunes [le choc !] mais qu’en plus ils ont des goûts de chiottes en matière de musique : Sheila, Claude François, Joe Dassin, Stone & Charden, Christophe… Nan mais trop la honte, tu m’étonnes qu’ils aient caché ça dans un placard ! Mais voilà qu’au milieu de leur collection, je tombe sur un concentré de Shadows, de Rolling Stones, de Beatles, d’Elvis Presley, de Who, de Simon & Garfunkel et d’autres trucs super trop bien qui s’écoutent encore aujourd’hui, 40 ans après. [Tu te rends compte que même maintenant on peut à peine faire aussi bien ? Hein ? Tu réalises ?] Un peu rassurée que mes parents ne soient finalement pas des losers finis, je chope quelques disques, fout une claque à mon chien trop choupi pour se défendre, remets le Joe Dassin baveux dans le carton et fonce sur le vieux tourne-disque encore exposé dans le salon comme une relique archéologique du paléolithique. Au moins.

Bridge Over Troubled Water est le premier album que je lance et, en tailleur sur le tapis du salon, je ferme les yeux, réveille mon côté autiste [qui se cache toujours en moi de temps à autres] en me balançant machinalement d’avant en arrière, et me laisse porter par les voix mélodieuses et aériennes de Simon & Garfunkel.

Sorti en 1970, Bridge over Troubled Water est le 5ème et avant-dernier album du duo. Peut-être même le dernier sur un plan purement créatif car le suivant est en fait le célèbre album live de leur concert à Central Park. BOTW comporte un nombre impressionnant de hits qui figurent aujourd’hui sur tous leurs best-of : El Condor Pasa, Cecilia, The Boxer, Song for the Asking, Bye Bye Love, ainsi que la chanson qui donne son titre à l’album.

Aller hop, un petit tour des principales chansons :

1. Bridge Over Troubled Water : chanson composée par Paul Simon mais chantée par Art Garfunkel uniquement, c’est aussi la plus récompensée de l’album (5 Grammy Awards la même année que même aux Victoires de la musique on n’en donne pas autant). Alors qu’en apparence cette chanson est plutôt profonde puisqu’elle parle de venir en aide à un ami en difficulté façon boy-scout, Paul Simon l’a en fait composée pour sa femme lorsque celle-ci s’est trouvé ses premiers cheveux blancs.

I'm on your side
When times get rough
And friends just can't be found
Like a bridge over troubled water
I will lay me down
Like a bridge over troubled water
I will lay me down

2. El Condor Pasa (If I Could) : ultra connue, la mélodie (que tu as peut-être déjà pu écouter jouée par un groupe folklorique dans le métro parisien) est directement empruntée à une chanson traditionnelle péruvienne dont Paul Simon a adapté les paroles en anglais.

Away, I'd rather sail away
Like a swan that's here and gone
A man grows older every day
It gives the world
Its saddest sound,
Its saddest sound.

3. Cecilia : une chanson sur un homme trompé un peu maso qui finit par récupérer sa nana après maintes supplications désespérées comme seuls les mecs sans dignité peuvent le faire. Les paroles ne cassent pas trois pattes à un canard, rends-toi un peu compte :

Cecilia, you're breaking my heart
You're shaking my confidence daily
Oh, Cecilia, I'm down on my knees
I'm begging you please to come home
Come on home

En revanche, la musique est particulièrement réussie. J’adore l’intro !

4. The Boxer : probablement ma chanson préférée de l’album, ou comment raconter une histoire à la Charles Dickens en 5 minutes. L’histoire est inspirée de la vie de Jack Dempsey, champion de boxe poids lourd entre 1919 et 1926. Le refrain de la chanson "Lai la la" est le résultat du manque d’inspiration de Paul Simon.

When I left my home and my family
I was no more than a boy
In the company of strangers
In the quiet of the railway station running scared
Laying low, seeking out the poorer quarters
Where the ragged people go
Looking for the places only they would know

5. The Only Living Boy in New York : avant de travailler sous leur véritable nom, Simon & Garfunkel se produisaient sous le pseudonyme de Tom & Jerry. Dans cette chanson écrite par Paul Simon, l’auteur fait directement référence à son compagnon Garfunkel :

Tom, get your plane right on time
I know you've been eager to fly now

Au moment d’enregistrer l’album, Garfunkel se lançait dans une carrière d’acteur et ses obligations lui imposait de s’absenter souvent et de poser de nombreux lapins à son compagnon Simon, visiblement pas rancunier pour deux sous puisqu’il l’encourage ici à mettre les voiles (tout en lui faisant quand même comprendre qu’il se retrouvait tout seul comme un con à New York).

6. Bye Bye Love : il s’agit ici d’une reprise, la chanson originale étant chantée par les Everly Brothers. Attention, générateur de patate :

Inutile de te dire que les autres albums sont eux aussi merveilleux. En seulement 10 ans, entre 1960 et 1970, de nombreuses chansons sont devenus cultes comme celle du film Le Lauréat, Mrs Robinson, ou encore The Sound of Silence, I Am a Rock, America, My Little Town etc. Par ailleurs, j’en profite pour rendre hommage au talent de compositeur-parolier de Paul Simon – qui est sans conteste le plus prolifique et le plus talentueux des deux. Sa carrière solo est là aussi incontournable et à découvrir absolument (merci les disques des parents, encore une fois) ! Par ailleurs, chaque membre du duo a rencontré le succès une fois la séparation consommée, mais Paul Simon a continué d’écrire pour Garfunkel.

Ma préférée de Paul Simon tout seul : You Can Call Me Al

Ma préférée d’Art Garfunkel tout seul : 99 Miles from L.A.

Comments

[Sparadra]

Mes parents doivent être plus âgés que toi (ils approchent les 70) mais leurs disques anglo-saxons préférés sont aussi devenus les miens. Il y avait effectivement du Joan Baez dans leurs cartons et j'aime beaucoup aussi. C'est une musique qui sonne extrêmement bien aux oreilles aujourd'hui encore ! Pas de Neil Young, par contre. Je pense que son style et sa voix étaient peut-être un peu trop particuliers pour eux.

[rainette]

Il est 23h15 et tu viens de me mettre dans la tête des musiques SUPER ! je vais me fredonner Bye bye love ou you can call me al ! avec un bonheur immense !
Merciiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii !

[rainette]

Moi je l'ai, moi je l'ai !!!
Donc, ma petite Spa, je dois bien avoir l'âge d'être ta môman vu ce que tu as tiré du carton !
l'album Tomy des Who est un trésor, mais Simon & Garfunkel, ça casse la baraque et ce sont mes meilleurs morceaux de guitare (ouaiii, je joue de la guitare)
T'as pas trouvé un Joan Baez dans le carton ??? ou un Neil Young ?
Voilà, je vais me mettre à faire les brocantes de disques, moi qui voulais aller de l'avant, je trouve que devant on fait difficilement aussi bien qu'en 70 et 80 !!!