Journée internationale contre l'homophobie

A l’occasion de la journée internationale contre l’homophobie, je vais commencer la semaine par un fait divers qui s’est déroulé aux Etats-Unis en 1998, dans l’état du Wyoming. Cette histoire a inspiré 3 films, dont un que j’ai découvert par hasard lorsque j’étais en Angleterre il y a 2 ans, intitulé "The Matthew Shepard Story". C’est par ce film que j’ai pris connaissance de cette affaire, et j’avoue que j’ai été particulièrement touchée et outrée par le degré de barbarie dont Shepard a été victime.

Le 6 octobre 98, Matthew Shepard, un homosexuel de 22 ans, sort avec des amis. Après la soirée, une fois seul, il se fait aborder par deux hommes qui se prétendent homosexuels et lui proposent une virée en voiture. A l’écart de la ville et à l’abri des regards, les deux hommes fracassent le crâne de Shepard à coup de crosses de revolver jusqu’à lui faire perdre connaissance puis, le croyant mort, l’attachent à une barrière dans un champ dans la position d’un épouvantail. Un cycliste trouve le corps inanimé de Shepard le lendemain. Il restera dans le coma pendant 6 jours avant de décéder.

Ses agresseurs, du même âge que la victime, ont été condamnés à la prison à perpétuité mais ont reçu le soutien de nombreuses associations chrétiennes anti-gays qui ont même eu l’audace de manifester le jour des funérailles de Shepard.

Le "Matthew Shepard Act", une proposition de loi contre les crimes de haine, a été adopté en 2009 sous le mandat de Barack Obama, soit plus de 10 ans après le décès de Shepard et suite à de nombreuses soumissions et rejets sous la présidence de ce décidément très tolérant et très ouvert George W. Bush.

L’agression de Shepard est peut-être un fait isolé. Quoique… Mais cette histoire reflète à quel point un être humain peut se transformer en monstre et perpétrer des crimes odieux au nom de convictions religieuses (ou non, d’ailleurs) simplement parce qu’il se sent le droit d’interférer sur le mode de vie d’autrui dès lors qu’il est différent du sien.

Ce post est le récit d’une anecdote, d’un fait divers, d’un crime qui vient s’ajouter à tant d’autres motivés par des raisons différentes. J’avoue que jusqu'au film que j'ai vu il y a deux ans, je ne m’étais jamais interrogée sur les maltraitances ou les démonstrations de haine ordinaires dont peuvent être victimes les homosexuels. Etant une adepte du "chacun sa vie" et ayant la chance d'être entourée sur le plan amical par des gens bien et tolérants, je n'ai jamais vraiment eu à assister à des scènes de discrimination ni entendu proférer des horreurs. Sur le plan personnel – et bien que ça n'ait rien à voir – les aléas familiaux et la vie de bâton de chaise de mon père (pétri en apparence de bonnes intentions morales et religieuses) m’ont simplement appris à me détacher de tout jugement et fait comprendre que la seule chose qui vaille le coup dans la vie, c’est la recherche du bonheur, quelle que soit la voie que l’on choisit ou qui s’impose à nous... J'ai peut-être tendance à oublier que tout le monde ne croit pas en ce principe, et des événements comme celui lié à Mattew Shepard, de même que n’importe quelle autre manifestation de violence (verbale, physique ou psychologique), me poussent à penser que finalement le militantisme est peut-être la seule option possible pour faire changer les choses.

De nombreux artistes ont réagi au meurtre de Matthew Shepard, et plusieurs chansons ont été écrites en sa mémoire. Deux m’ont particulièrement touchée : "American Triangle" d’Elton John, et "Above the Clouds" de Cyndi Lauper. Et c’est là-dessus que je vais clore ce billet, en me disant que putain, on ne devrait pas mourir pour ça. Ni même avoir à en souffrir d'une quelconque façon.

American Triangle

Seen him playing in his backyard
Young boy just starting out
So much history in this landscape
So much confusion, so much doubt

Been there drinking on that front porch
Angry kids, mean and dumb
Looks like a painting, that blue skyline
God hates fags where we come from

'Western skies' don't make it right
'Home of the brave' don't make no sense
I've seen a scarecrow wrapped in wire
Left to die on a high ridge fence
It's a cold, cold wind It's a cold, cold wind
It's a cold wind blowing, Wyoming

See two coyotes run down a deer
Hate what we don't understand
You pioneers give us your children
But it's your blood that stains their hands

Somewhere that road forks up ahead
To ignorance and innocence
Three lives drift on different winds
Two lives ruined, one life spent

Western skies' don't make it right
'Home of the brave' don't make no sense
I've seen a scarecrow wrapped in wire
Left to die on a high ridge fence
It's a cold, cold wind It's a cold, cold wind
It's a cold wind blowing, Wyoming

Above the Clouds

There's a place where the sun breaks through
And the wind bites cold and hard
Stings my ears and
Tears my eyes
When the day starts to shout out loud

Stand tall
And glide
When you're all alone in the crowd
Don't fall Don't hide
When you walk above the clouds
When you walk above the clouds

When the light is against your face
And your smile is soft and sound
That's when you tell me all your fears and all your dreams
So proud

Stand tall
And glide
When you're all alone in the crowd
Don't fall Don't hide
When you walk above the clouds
When you walk above the clouds

I try and tell you to keep your head upright
Don't swing your sword and shield against the night
Don't block your blessings, boy
You don't have to fight
You don't have to fight

Stand tall
And glide
When you're all alone in the crowd
Don't fall
Don't hide
When you walk above the clouds
When you walk above the clouds

http://www.matthewshepard.org/