Le moment de fierté
- Ce n'est pas une nouveauté, j'ai des chouchoutes parmi mes élèves.
- Hooouuuuuu, prof indigne !
- Ah ouais ? Parce que vous aimez tout le monde dans la vie, vous ?
- ...
- C'est bien ce que je pensais. Je disais donc, j'ai des chouchoutes parmi mes élèves. Or, il se trouve que deux d'entre elles [comme par hasard les plus douées, j'y suis pour rien, hein !] ont reçu ce matin... [roulement de tambour]... leur lettre d'admission à Cambridge pour l'une, et Oxford pour l'autre. Wouhouhouh !!
- Et ?
- Et voilà. Je suis juste vachement fière d'elles. Elles ont beau n'être *que* des élèves, n'importe qui n'atterrit pas dans ces deux universités et je suis contente d'avoir fait partie de l'aventure.
- Ben ça va les chevilles ?
- Pas trop mal, merci. Parce que vous voyez, en plus d'être excellentes en Français, elles sont aussi très enthousiastes. Et modestes. J'en ai vu partir pour Cambridge et Oxford l'année dernières : elles étaient fortes, certes, mais aussi ambitieuses et arrogantes. Cette année, elles sont juste francophiles. Et vue la sale réputation que la France se traîne en Angleterre, il faut bien avouer que c'est une vraie prouesse d'aimer ce pays pour autre chose que la bouffe et les maisons bon marché que les Anglais nous rachètent.
- Les salauds !
- Oui ben on l'a un peu cherché quand même... Bref, là n'est pas la question. Aujourd'hui, après cette bonne nouvelle, quand mes deux chouchoutes sont venues me l'annoncer, bah vous savez ce qu'elles m'ont dit ?
- Nan mais tu vas pas tarder à l'écrire...
- Elles m'ont dit merci. Et bah mine de rien, ça fait super plaisir d'entendre un merci de temps en temps. Surtout quand c'est dit par gentillesse et non par simple politesse. Non pas que je cours aprè les remerciements car généralement je fais tout ce qu'un prof digne de ce nom est censé faire, mais le simple fait qu'elles aient pensé à le dire, qu'elles soient allées au-delà du salaire qui tombe sur mon compte à la fin du mois, ça donne une dimension plus agréable à ce boulot. Elles iront loin, les petites. Et pas juste dans leurs études. Si je m'étais écoutée, je leur aurais fait un câlin. Mais il paraît que ça ne se fait pas, alors je leur ai juste dit que j'étais heureuse pour elle.
M'en fous, à la fin de l'année je leur ferai un câlin quand même...