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Faites comme chez moi!
23 novembre 2007

And the winner is (not)...

diplomaPour moi qui n’ai jamais eu l’esprit de compétition, la cérémonie de remises de prix de mon école me semble toujours un peu étrange et désuète. C’est en novembre que la directrice récompense officiellement les élèves pour le travail accompli au cours de l’année passée et qu’elle remet les diplômes aux bacheliers qui viennent tout juste d’entamer leur année universitaire.

Chaque matière, chaque club de sport et de musique offre son lot de récompenses, et d’une année sur l’autre on ne s’étonne pratiquement plus que ce soit toujours les *mêmes* élèves qui reçoivent les *mêmes* récompenses. C’est la loi impitoyable de l’école : les douées le restent généralement tout au long de leur parcours, les médiocres également, et les feignasses se satisfont de leur situation intermédiaire.

Plongés dans un coma profond, profs et élèves attendent désespérément la fin des discours interminables dégoulinant de remerciements, de congratulations et d’encouragements. Les tentatives d’humour tombent généralement à plat, mais la politesse légendaire des Anglais fait que tout le monde se force à applaudir (du bout des doigts). Surtout quand c’est la directrice qui parle… Les colonnes vertébrales sont au supplice de rester si longtemps clouées à des chaises inconfortables et les estomacs manifestent leur impatience de se trouver enfin face au buffet prévu pour l’occasion.

Remettre un prix à des élèves qui, en apparence, semblent avoir plus de valeur que les autres est une injustice de la vie. Exemple frappant cette année, avec une étudiante qui n’a jamais eu la moindre récompense durant sa scolarité et qui, contre toute attente, a néanmoins pulvérisé les records aux examens de Français au mois de juillet. Malgré cela, elle se trouve aujourd’hui évincée au profit d’une autre élève – qui, elle, collectionne les trophées depuis sa plus tendre enfance – tout simplement parce que cette dernière a réussit à entrer à Cambridge malgré des résultats moins bons aux examens.

Le prestige du Nom qui prédestinera de sa réussite professionnelle, au regard des parents émus venus admirer leur progéniture recevoir prix et diplômes, a visiblement plus d’importance qu’une élève ayant réussit à se surpasser. Parce que cette élève-là, qui ne cherchait ni la compétition ni la reconnaissance et qui bien souvent sous-estimait ses capacités, aurait probablement été plus touchée par ce prix que l’élève qui a des médailles plein sa chambre. Et également parce que ce prix aurait définitivement eu plus de signification pour elle que n’en auront jamais les multiples récompenses accumulées par celle pour qui la performance et le succès sont devenus de simples formalités. A défaut de faire gonfler ses chevilles, ce jour aurait peut-être pu lui donner davantage confiance en elle et lui prouver qu’elle dispose de ressources insoupçonnées. Le pire, c’est qu’elle ne saura peut-être même jamais que c’est elle qui a obtenu les meilleurs résultats en Français, puisque seuls les professeurs ont eu accès à l’ensemble des relevés de notes.

Il faut croire que les plus grandes réussites sont condamnées à être les plus modestes… Alors moi, ce soir, et bien qu’elle ne me lise pas, j’ai envie de lui décerner un prix : le prix virtuel du "meilleur espoir féminin" (tant qu’à faire !). Et son prix ne concerne pas seulement sa réussite aux examens, c’est aussi et surtout pour la gentillesse, le respect, la motivation et l’humilité qu’elle m’a témoignée l’année dernière. Je lui ai déjà dit merci, je l’ai déjà félicitée et je lui ai déjà assuré qu’elle avait tout ce qu’il fallait dans la vie pour réussir sur les plans professionnel et humain.

Les prix officiels ne veulent rien dire si l'on ne prend pas en compte les parcours individuels. Les diplômes sont certes un bon départ dans la vie (surtout en Angleterre), mais les prix remis à l'école n'ont pas de sens à l'échelle de la personnalité. En tout cas, les circonstances m’ont démontrée une fois de plus que la réussite et l'accomplissement ne se résument ni à un test de compétences ni à un bout de papier enrubanné…

B., you rock big time!

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Commentaires
N
*applause*
S
Si les autres s'amusent pendant que tu bosses, c'est leur problème et pas le tien ! Je ne pars pas non plus du principe qu'il faille "remercier" juste parce que les autres ne foutent rien...<br /> Néanmoins je pense que c'est aussi le rôle du prof de féliciter un élève quand c'est justifié.<br /> Concernant mon élève, je me suis surtout mise en colère contre le fait qu'elle n'a pas eu le prix pour ses résultats en Français (nettement supérieurs à ceux des autres) et qu'on lui a préférée une élève certes très bonne mais qui a eu des résultats moins bons. Et par ailleurs, l'élève qui a reçu le prix en a reçu toute sa vie... Pour une fois, il aurait été plus juste de décerner ce prix à l'élève qui le méritait le plus. Ce qui n'a pas été fait...
E
je complète : <br /> j'en ai bavé tout le long de mes études, et j'en bave encore. Pour un résultat inférieur à tout ce qu' a probablement obtenu le restant de ma classe. Pire j'ai perdu mes années à bosser alors que d'autres s'amusaient pendant ce temps.<br /> Je ne pourrai jamais rattraper mon retard, jamais. <br /> j'aurai au moins voulu un bon souvenir de ma scolarité. Rien qu'un.aujourd'hui je ne peux même pas être fier de mes années à étudier. Et dans le contexte dans lequel je suis, je ne suis toujours pas "comme les autres". Rien ne change jamais.
E
Je suis d'accord, mais dans le même temps moi j'aurai bien aimé avoir des récompenses quand j'étais écolier, collégien ou lycéen.<br /> J'étais meilleur que les autres, mais dans une classe "moyenne", je ne me suis pas senti poussé par mes profs, bien occupés avec le reste de la classe.<br /> j'aurai pu faire d'autres études, m'intéresser à des choses qui m'intéressent maintenant que j'ai davantage étudié de choses dans mon parcours universitaires. On aurait pu faire sortir le meilleur de moi, et on aurait aussi pu me récompenser pour les tonnes d'heures que j'ai bossé (pour rien, au final). J'ai rarement eu des félicitations orales de profs, et ma réussite scolaire a davantage été source de dénigrement par le reste de la classe (en gros le vilain petit canard qu'on isole, qu'on martyrise).<br /> il ne faut pas croire que le bon élève il a tout, et sans bosser de surcroit.. Non il a moins, et il est aussi en quête de reconnaissance, surtout si dans sa famille on considère comme "normal" qu'il soit bon.<br /> Donc les récompenses, je suis largement pour. Quitte à créer d'autres récompenses pour les étudiants moyens qui font parfois des coups d'éclat. Mais c'est pas une raison pour en enlever aux autres.
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