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Faites comme chez moi!
30 janvier 2007

Par coeur

tableau_noir_enfantsOKS'il y a une chose que je trouve difficile dans mon boulot, c'est de ne pas porter de jugement sur mes élèves et de rester objective... Quand j'étais à leur place, je râlais contre certains profs et m'indignais contre ceux qui avaient des "chouchoux". Le fait est que j'en ai, des chouchoux. Et il y a aussi des élèves que je ne peux pas blairer.

Dans le milieu ultra privilégié où je travaille, on trouve le pire et le meilleur. Entre l'élève qui me prend de haut et qui ne peut pas s'empêcher de me parler avec un dédain vaguement dissimulé, celle qui sèche tant qu'elle peut parceque sa mère est à ses pieds, ou bien la feignasse de service qui s'imagine qu'elle peut venir à chaque cours sans avoir fait son travail, j'ai parfois envie d'en flinguer quelques unes ou de leurs balancer des saloperies dès que je leur adresse la parole. Mais je ne le fais pas (ce qui ne m'empêche pas de remettre les pendules à l'heure quand il faut). Et pire encore, parfois le courant ne passe pas et l'indifférence se lit sur leur visage, et probablement aussi sur le mien...

Il y a aussi les élèves particulièrement brillantes qui sortent du lot de par leurs résultats scolaires. Celles qui iront dans les meilleures universités et dont le parcous professionnel sera aussi réussi que leurs études. Celles qui ont pleinement conscience leur valeur en terme d'intelligence et de performance.

Et il y a d'autres élèves, plus rares, qui sortent elles aussi du lot. Un peu moins performantes que les précédentes mais qui réussissent quand même. Celle qui ont un "petit plus" qui fait toute la différence et qui ont, pour reprendre les mots d'une chanteuse bien connue que je ne nommerai pas, "la culture du coeur". Toujours souriantes, agréables, positives, disponibles et pleines d'initiatives. Ca n'a rien à voir avec le milieu dans lequel elles vivent. Ca n'a rien à voir avec l'argent. Et quelquefois ça n'a même rien à voir avec l'éducation qu'elles ont reçue. Au détour d'une conversation banale, j'apprends qu'une de mes élèves travaille bénévolement 2 fois par semaine dans un centre qui accueuille les enfants cancéreux en phase terminale. Ou une autre qui va aider à servir des repas à l'Armée du Salut. Je serais moins étonnée si elles étaient adultes, mais là elles ont 16 ans. C'est presque gênant de les admirer parcequ'elles n'attendent pas qu'on leur jette des fleurs, qu'elles n'en font pas grand cas, et que c'est un peu facile de féliciter ceux qui se bougent pour les autres. Non pas que je ne fasse rien (quoiqu'en fait si, depuis presque 2 ans on ne peut pas dire que j'ai fait grand-chose de très utile à ce niveau-là) mais elles ont une telle maturité et une tel "rayonnement" que c'est difficile de les mettre au même niveau que les autres. C'est probablement la différence entre les gens biens (dont j'espère faire partie malgré tout) et les gens formidables. Les personnes formidables, il n'y a même pas besoin d'être au courant de leurs faits et gestes pour les reconnaître. Ca se remarque tout de suite.

Et puis ce qui je pense rend l'objectivité impossible vis-à-vis des élèves, c'est qu'une certaine affection s'installe. Pas avec tout le monde, c'est évident, mais quand ça arrive ça rend le boulot tellement plus plaisant... Ca ne se limite pas à dire bonjour, faire un cours et dire au revoir. La réussite des élèves est une gratification pour les profs, mais de savoir qu'au-delà des études il y a des personnalités aussi chouettes, c'est super positif et ça me rend optimiste. Et bizarrement, jusqu'à il y a peu,je ne l'étais pas du tout.

Faudra peut-être que je pense à leur dire merci à la fin de l'année...

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Commentaires
N
Toi pas dans la catégorie des gens formidables? ce sera à nous de voir ça! ;)
S
Ah! Je me retrouve complètement dans ce que tu écris! Moi non plus je ne voulais pas faire de chouchous mais il faut reconnaître que certains caractères s'accordent mieux que d'autres avec nous.
S
Pour te dresser un portrait rapide, j'ai la chance de bosser dans une des 5 meilleures écoles du pays. Que des filles. L'équivalent de 100 000 francs l'année par élèves. Des infrastructures de folie. Des classes de 15 élèves maximum. Pas de surveillant, parceque pas de problème de discipline (ou l'inverse). Ce qui n'empêche pas que la tranche 13-16 ans soit parfois un peu chiante. Elles papotent, elles testent, mais ça ne va jamais très loin. J'ai aussi des filles de 11 ans et de 17-18 ans et là par contre c'est géant.
S
Pas trop dur d'enseigner le francais a des gamines de 16 ?<br /> L'autorité ça doit être chaud des fois, non ?
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