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Faites comme chez moi!
5 octobre 2010

Public / Privé

Y'en a pour qui le passage du CM2 à la 6ème représente une étape importante. En ce qui me concerne, avec l'abandon de l'uniforme obligatoire uniquement à l'école primaire, je suis passée de l'élève angélique à la délinquante des cours de récréation. Avec ma copine Camille, on était toujours à l'affut de bonnes idées susceptibles de pourrir la vie des autres : boucher les toilettes des filles avec des cailloux, poser des verres en plastique plein d'eau en haut des portes pour arroser nos petits camarades, défaire les queues de cheval des "grandes" de 4ème, trafiquer nos carnets de notes, imiter la signature de nos parents sur les contrôles, écrire des poèmes limites injurieux sur les profs, faire croire à Marie-Caroline que Frédéric était amoureux d'elle [Marie-Caroline, c'était un peu la Forrest Gump de la classe et Frédéric le Sheldon Cooper, imagine un peu l'invraisemblance du truc !], et des tas d'autres imbécilités dignes de la maternelle qui ne faisaient évidemment rire que les grognasses que nous étions à l'époque.

Mais tout se paye. Nos méfaits se sont arrêtés nets lorsque Sœur Jeanine nous a pris en flagrant délit d'inondation des toilettes. Sœur Jeanine - pour te dresser le tableau - c'était une sorte de Sébastien Chabal avec un voile [mais la barbe en moins]. Genre avant même qu'elle t'adresse la parole, tu faisais déjà pipi dans ta culotte de terreur. En plus d'être la représentante officielle de Jésus, ce qui était déjà bien flippant en soi quand on tombait sur elle au catéchisme, elle était aussi prof de maths. Et là je te jure que si t'avais le malheur d'être nul(le) en géométrie, t'étais bon(ne) pour faire pipi dans ta culotte au moins trois fois par semaine... Sœur Jeanine, donc, nous a obligé à nettoyer nous-mêmes les toilettes pour nous faire expier nos péchés, sales petites pestes que nous étions.

En fait, si je vous raconte tout ça, c'est seulement pour vous dire que j'ai passé toute ma scolarité dans une école privée. La même école de l'âge de 3 ans à l'âge de 19 ans [ouais, j'ai comme qui dirait un peu chié ma 4ème] [mais je trouve que pour avoir résisté sur une durée aussi longue, j'aurais dû recevoir la médaille d'or de l'ancienneté en décrochant mon baccalauréat]. Encore aujourd'hui, je ne sais pas si je dois remercier mes parents d'avoir voulu privilégier mon éducation au risque de me soumettre à un certain cloisonnement social ou les engueuler pour m'avoir fait vivre dans une bulle pendant 16 années consécutives. Parce que t'imagine pas comment j'ai découvert la vie lorsque je me suis retrouvée lâchée en totale liberté à l'université de Nanterre en octobre 1998 ! Même que je séchais pratiquement tous les cours. Même que je ne me suis pas présentée aux examens. Même que mes parents ne sont toujours pas au courant alors merci de la boucler [les colères de mon père peuvent être rétroactives]. Et même que ce bordel a quand même duré 2 ans, jusqu'à ce que je trouve ma voie.

Il paraît que les listes d'attente pour s'inscrire en école privée n'ont jamais été aussi longues. J'ai eu la chance d'étudier dans de bonnes conditions, mais je persiste à défendre l'enseignement public et serais un peu désolée d'avoir à mettre mes enfants [say a little prayer for me, by the way] dans le privé. C'est désolant car cela signifie que l'école publique n'est pas à la hauteur et qu'elle va mal.

La seule fois de leur vie où mes parents ont manifesté, c'était pour défendre l'école libre en 1984. Une manifestation probablement justifiée mais qui fait un peu froid dans le dos quand on pense aux faibles moyens pédagogiques accordés au public. Ce qui me pousse à me demander quand est-ce que les parents oseront descendre dans la rue pour défendre l'école publique [parce que généralement, en dehors des profs qui manifestent contre les réformes, on ne voit pas beaucoup de parents].

Peut-être que mes actes de délinquance juvénile en 6ème font pâle figure en regard de ce que les pré-ados d'aujourd'hui sont capables de faire dans le public. Peut-être aussi que s'il y avait davantage de Sœur Jeanine - en voile ou en civil - la discipline à l'école serait mieux assurée. Je ne sais pas ce qu'il est advenu de cette Terminator des couloirs car elle était plutôt âgée à l'époque où elle sévissait encore à Sainte Geneviève. Mais je me prends à imaginer que si elle n'avait pas mis un terme à ma carrière de démon, je serais encore en train de boucher des toilettes avec des cailloux...

phobie_des_toilettes

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Commentaires
R
Ooooh non, j'y tiens. Je tiens toujours mes promesses. D'ailleurs, j'y vais. Désolée, ma ligne sera e dérangement pendant les prochaines minutes. ;-)
S
Bah la religion et moi, on est pas super copines donc si tu veux, je t'autorise à ne pas faire de prière... :-)
R
Quoi ? C'était aussi simple que ça ? Si j'avais su, j'aurais proposé la prière plus tôt. Allez, banco, je te fais une prière ce soir avant de me coucher (j'en tremble déjà, mais une promesse est une promesse).
S
BillardBoy vient passer le week-end chez moi dans 2 semaines. La suite au prochain épisode, donc... :-)
R
Moi aussi j'ai du mal à t'imaginer en teigne, mais je me plais à penser que même sans Sœur Jeanine tu aurait mis fin à ta carrière de terreur.<br /> Personnellement, Père et Mère m'ont vissée et j'ai rajouté quelques tours de tournevis par-dessus (par sûreté, faut voir Père et Mère aussi), mais j'ai été une teigne à ma manière... sans que ça n'arrive aux oreilles de Père et Mère... enfin, autant que possible.<br /> <br /> On fait un pacte : je fais la petite prière (ce qui n'est pas rien), si tu nous donnes "des nouvelles" de BillardBoy. ;-)
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