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Faites comme chez moi!
11 mai 2010

Une goutte noire dans l'océan

Comme je le répète chaque année lorsque je célèbre toute seule la Saint Lamantin, l’un de mes grands rêves consiste à aller un jour à la rencontre des lamantins de Floride. Bien que le 14 février soit passé depuis belle lurette, un élément vient peut-être remettre en question la réalisation de ce rêve puisque l’espèce – déjà en voie de disparition – doit aujourd’hui faire face à une nouvelle menace : la catastrophe écologique qui est en train de se dérouler dans le Golfe du Mexique.

Dans le passé, les cas de marée noire les plus notables – aussi scandaleux et destructeurs soient-ils – ont été provoqués par des tankers qui se sont abîmés en mer. La capacité de stockage d’un tanker est importante mais limitée. Ce n’est malheureusement pas le cas avec la plate-forme pétrolière Deepwater Horizon qui a explosé le 20 avril dernier, laissant s’échapper de manière continue plus de 800 000 litres de pétrole par jour dans l’océan. Construite à 80 km des côtes américaines, Deepwater ne représente qu’une seule plate-forme parmi les 3 500 autres (!!!) existantes dans le Golfe du Mexique. Le pétrole qui s’en échappe est d’autant plus dangereux qu’il s’agit de pétrole "léger", donc beaucoup difficile à contenir puisqu’il s’étale rapidement sur la surface de l’eau.

D’autres accidents de ce type se sont déjà produits au Brésil et en Australie, à un degré moindre. Il a fallu plus de 2 mois pour colmater les puits laissant s’échapper le flot d’hydrocarbure. Cela va faire bientôt un mois que la catastrophe a eu lieu dans les eaux américaines, et la tentative de  recouvrir le puits d’un couvercle a échoué. BP est à ce point désemparé qu’un appel aux idées a été lancé sur le site http://www.deepwaterhorizonresponse.com/. "Submit an alternative response technology"… Preuve en est qu’il est toujours plus facile de construire quelque chose de dangereux et de réfléchir aux conséquences et aux solutions lorsqu’il est trop tard. Bravo.

Le lamantin est un animal qui vit en eaux peu profondes. Lorsqu’il ne mange pas, il passe le plus clair de son temps à la surface de l’eau pour respirer. Si le pétrole atteint les côtes de Floride et de Louisiane, les lamantins risquent à la fois l’empoisonnement et l’asphyxie. 2009 a déjà été l’année la plus meurtrière pour les lamantins d’Amérique du Nord, en raison notamment de la prolifération d’une algue rouge toxique et de la vitesse excessive des bateaux. Une mortalité qui risque encore de s’accroître, puisque des nappes de pétrole ayant échappé aux barrages flottants ont déjà atteint le delta du Mississipi.

Le lamantin a encore la chance de vivre dans des cours d’eau à l’intérieur des terres. Même si en apparence on pourrait croire  que l’espèce se trouve un peu plus à l’abri de la catastrophe que d’autres animaux marins, elle est néanmoins très sensible aux changements d’environnement et reste l’une des espèces les plus menacées de la planète.

Si je veux encore espérer pouvoir croiser un jour le regard de cet animal imposant, parfois long de plus de 3 mètres, le temps est compté.

Je ne fais pourtant pas parti des activistes écolos qui prônent systématiquement le recours à des énergies et matériaux alternatifs (même si j’encourage les initiatives dans ce sens-là). Je sais qu’actuellement, nous avons encore besoin d’exploiter le pétrole. Ce que j’ai du mal à encaisser, c’est qu’une telle catastrophe n’ait pu être évitée. En mer du Nord, les plates-formes sont systématiquement équipées de valves qui se ferment automatiquement lorsque des capteurs acoustiques détectent une pression anormale. Mais, par souci d’économie, les sociétés pétrolières américaines n’ont pas jugé utile d’équiper leurs plates-formes dans le Golfe du Mexique, ce que, j’espère, elles vont regretter amèrement en mettant la main au porte-feuille (même si ça ne permettra pas de revenir en arrière et réparer l'ensemble des dégâts). En attendant, les premiers à morfler sont les animaux : dauphins, baleines, oiseaux, poissons, tortues, lamantins bien sûr… En tout, près de 600 espèces ! Welcome to paradise !

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Commentaires
E
Je pense qu'on est pas loin de la plus grande catastrophe écologique, vu que le pire est à venir.<br /> C'est franchement écoeurant et désespérant.
R
C'est vrai, j'ai toujours trouvé qu'il avait une bonne bouille (et son utilité certaine dans la chaine écologique).<br /> Aucun animal ne devrait disparaître, ni souris, ni cafards... <br /> Je me demande juste comment la terre fonctionnerait sans nous si un tremblement de terre sous marin avait ouvert une faille et fait jaillir du pétrole... comment la nature s'en sortirait-elle ?<br /> Bon, là, ce sont les hommes, et ils ont intérêt à nettoyer parce que voir des oiseaux, des tortues mazoutés, ça me désespère toujours autant (alors que voir des touristes aux pieds collants de mazout... ça me fait plutôt sourire !)
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