Jamais contente
Roh p*tain, ça y’est je percute. Depuis que j’habite en province, je n'ai plus rien à raconter. Non pas que c’était si intéressant que ça avant, mais au moins je pouvais épancher ma frustration sur MonStagiaire gay ou mon sexy LeMignon parti faire sa vie à La Réunion.
Pasque là, ça me saute à la face : depuis que j’habite à Lille, je suis devenue une totale no-life. En arrivant, je pouvais presque compter les potentiels amis sur les doigts des deux mains, et finalement bah je n’en fréquente que deux. Et encore, pas tous les jours. A Paris, j’étais bien contente d’avoir le téléphone illimité qui servait à parler pendant 3 heures avec mes cops que j’allais pourtant voir le soir-même, ou au pire pendant le week-end. Pis y’avait la famille partout, de quoi dépanner une ou deux vieilles tantes perplexes devant leur écran d’ordinateur juste parce qu’elles savaient pas où cliquer pour imprimer les photos de leurs petits-enfants. ‘fin tu vois, j’avais des relations sociales, des sorties, des restos, des cinés, des apéros du vendredi [ceux qui me faisaient remonter les marches de mon immeuble à quatre pattes ou pas loin]. La vie, quoi !
Là non. Genre je rentre du boulot vers 17h30-18h après 25 toutes petites minutes de trajet et puis… rien. Nada. Nicht. Queud’ ! Enfin queud’... en dehors des rediff’ de McGyver sur la TNT, s'entend. Ma vie sociale, elle se planifie juste le week-end. Et encore, à condition que la seule cops dispo ne soit pas en train de cuver lamentablement son vendredi soir.
Au début c’était chouette. Ouah, trop calme et trop peaceful la life loin de Paris ! Ouah, comment c’est chantmé agréable de profiter de ses soirées tranquilou sans avoir passé 1h30 coincée dans la caisse de ma co-voitureuse au milieu du périph’ ! Ouah pas de bruits de klaxon intempestifs dans les rues. Trop bien, Lille !
Tellement bien que finalement je rentre à Paris le week-end dès que possible. Soyons honnêtes hein, et n’ayons pas peur des mots : je me fais chier à Lille. Nan mais tu le crois, ça ? J’ai crié sur tous les toits que je voulais retourner à Lille, que je m’y sentais chez moi, que les ch’tis c’est trop des gentils bisounours ? Et en fin de compte... je m’y emmerde ? Le truc que je n'avais pas capté en revenant à Lille, c'est que la vie d'étudiante dévergondée, elle est over. Au-delà du fait que je n'ai plus l'âge d'aller boire 5 rhum-orange au Latina dès le jeudi soir, les rares qui sont restés ont désormais des préoccupations qui ne correspondent pas à celles d'une célibataire adulescente attardée. J'apprends à mes dépends que non, même une sortie au musée ne s'improvise pas un dimanche après-midi à 17h. Pour voir les gens, il faut désormais planifier : "Rendez-vous samedi 12h30 devant le resto, et sois pas en retard car après je vais chercher le p'tit chez mes parents", "On se verra le mois prochain, mon copain et moi on est super bookés les 3 prochains week-ends", "Nan pas ce week-end-là, je vais voir ma mère à Boulogne". P*tain ! Ca fait chier d'être la seule dispo tout le temps, sans contrainte de mec ou de bébé, à essayer de m'incruster tant bien que mal dans l'agenda de ceux qui visiblement n'ont pas le temps pour l'imprévu ou le spontané...
Et puis y'a aussi le boulot. Parlons-en, du boulot ! Je suis fonctionnaire puissance 10 (mais sans avoir l’avantage de la sécurité de l’emploi). Personne n’est là pour checker l’heure à laquelle j’arrive, il m’arrive de glandouiller pendant des semaines car pas assez de travail [mais visiblement l’Etat a assez de sous pour payer des gens à ne rien faire], je quitte le taff à 17h (voire 16h30 les bons jours)… Bah si tu crois que ça motive, grosse erreur.
Si je veux du changement dans cette vie monotone, il n’y a pas 36 solutions. En fait, il n’y en a même que 3 :
1) Me reconstituer pour la énième fois – après ma première expérience Lilloise + Bruxelles + Londres – un nouveau réseau social. Ce qui veut dire m’inscrire à une asso quelconque. Mais maintenant c’est too late et ça ne sera possible qu’à la rentrée en septembre.
2) Trouver un mec (ça m'occupera, c'est toujours mieux de faire des projets à 2 que toute seule).
3) Déménager dans une ville où j’ai déjà un réseau social un peu plus étoffé qu’à Lille.
La première solution est la plus sensée, si mon contrat est prolongé et que je suis amenée à rester. La deuxième solution est bien tentante mais est étroitement liée à la première (cercle social trop petit pour l'instant). Quant à la troisième solution... elle me semble la plus appropriée. Je n’ai pas dit que je souhaitais rentrer définitivement à Paris. Non non, faut pas déconner. Pas envie de retrouver les cons de Parigots qui courent après le bus, le métro, le train et la vie. Sachant que mon avenir professionnel est très incertain puisque mon contrat se termine fin juin, j'ai commencé à me mettre en quête d'un nouveau job à... BRUXELLES.
Bien qu’un 38ème déménagement fasse un peu chier sa maudite race et que j’adore mon appart’ actuel, Bruxelles possède toutes les qualités que je recherche : je connais du monde (beaucoup plus qu’à Lille) ce qui m’évitera de faire l’effort incommensurable de me trouver de nouveaux amis (ben quoi ?), c’est une ville internationale (institutions européennes, ONG, sociétés de lobbying), il y a une vraie vie intellectuelle et culturelle, c'est beau, les gens sont aussi accueillants que les Lillois, aussi polis que les Anglais et beaucoup moins acariâtres que les parisiens [sauf les Flamands mais chut], et tout ça à moins d’1h30 en train de Paris !
Le tout consiste maintenant à trouver ce fameux job. Tâche ardue.
Le fameux pisseur de Bruxelles