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3 mai 2010

Les albums qui m’ont changé la life : Hold Time

mwardJ’avais prévu de parler de Matt Ward un peu plus tard, mais le concert de She & Him résonne encore dans mes oreilles. Il me semble donc que le moment est tout trouvé pour présenter un album qui a le don de me faire passer en quelques secondes de la morosité à la jovialité absolue : Hold Time. Et j’en profite pour faire un peu ma langue de p*** : les lecteurs assidus de Tél*rama seront contents de savoir que ce canard a donné une excellente critique de cet album. Mais partant du postulat que Tél*rama aime presque systématiquement tout ce qui porte le label "intello indépendant" et déteste par principe ce qui peut s’apparenter à du "grand public", j’en viendrais presque à me demander si c’est tout à fait normal que Tél*rama et moi soyons enfin d’accord sur un point.

Que ceux qui connaissent Matt Ward lèvent la main. Quoi ? Personne ? J’en étais sûre ! [Et non, je ne m’adresse pas à toi, lecteur occasionnel qui vient de taper "M. Ward" dans Google. Je  parle à mon lectorat régulier bien-aimé] Matt Ward, même si pratiquement personne ne le connaît, est pourtant un habitué des scènes françaises sur lesquelles il s’est déjà produit de nombreuses fois – dans des festivals, en premières parties ou sous son propre nom – et là je vous avoue que je suis un peu beaucoup dégoûtée de l’avoir découvert si tard car sa tournée avec Zooey Deschanel implique probablement qu’on ne le reverra pas en France avant un petit bout de temps.

Le bonhomme

Mais d’abord, c’est qui ce mec que je trouve largement aussi doué qu’un Bob Dylan, un Bruce Springsteen ou un Neil Young ? Comme eux, il s’inscrit dans une catégorie d’artistes pour laquelle nous n’avons aucune traduction française réellement équivalente : celle des songwriters. Autrement dit, il fait tout : il écrit, compose, arrange et produit ses propres chansons. Sur un plan purement formel et objectif, je peux juste dire qu’il a 37 ans, qu’il est originaire de Portland, que c’est un guitariste chevronné, que sa carrière a commencé à décoller en 99 avec l’album Duets for Guitars #2, qu’il a fait 7 albums en 10 ans sans compter ses nombreuses participations et collaborations, qu'il a travaillé avec feu Bashung sur l'album Bleu Pétrole, qu’il est réputé pour être affreusement réservé sur scène et en interviews (d’où, probablement, une volonté irrépressible de rester dans l’ombre lors des prestations avec Zooey) et qu’il donne systématiquement pour instructions d’interdire les appareils photo lors de ses concerts. Sur un plan purement personnel et subjectif, ce mec est mon nouveau Dieu. Et j’exagère à peine… J’ai toujours aimé la musique folk – probablement plus que la pop ou le rock – car c’est un genre finalement assez minimaliste au niveau instrumental et qui porte en lui une certaine mélancolie qui correspond bien à mon mood profond. Ca ne veut pas dire pour autant que les albums de Ward se réduisent à des airs simplistes de guitare, violon et piano, mais ces trois instruments, notamment la guitare, prédominent dans son œuvre. Par ailleurs, il a l’avantage d’avoir une voix rauque très particulière, ni tout à fait éraillée ni tout à fait cassée mais plutôt "usée" et assez semblable à celle d'un vieux roublard directement sorti d’une bourgade du Mississipi. Une sorte de marque de fabrique qu’on ne pourra jamais lui piquer et qui s’accorde magnifiquement avec le caractère "oldies" de son répertoire.

L’album

Sorti en 2009, Hold Time comporte 14 titres dont beaucoup n’excèdent pas les 2,30 minutes, un format qui n’est pas franchement commercial pour passer sur les ondes (une caractéristique que l’on retrouve sur Volume One et Volume Two). Mais sus aux diktats musicaux liés aux fameuses 3,30 minutes imposés par les radios !

Dans Hold Time comme dans ses autres albums, on remarque tout de suite l’influence des années 50-60 avec des sonorités rock, folk et blues. Le jeu de mot "Hold Time/Old Time" est d’ailleurs facile à faire, mais j’ai le sentiment qu’il ne s’agit de toute façon pas d’une coïncidence.

La première influence qui apparaît de manière évidente dans cet album est celle de Johnny Cash (une influence dont Ward ne s’est jamais caché, d’ailleurs). La référence à "Walk the Line" est particulièrement flagrante dans la chanson "Fisher of Men" :

Une chanson inspirée des Beach Boys (groupe préféré de Zooey, soit dit en passant), "To Save Me" :

En 1958, Buddy Holly chantait "Rave On". La version 2009 de Matt, que je préfère, est une version plus "évaporée" que l’originale :

Ward nous offre également quelques collaborations avec des artistes pour lesquels je ne prendrai pas le risque de faire une étude approfondie puisque d’une part mon univers musical est relativement restreint, et d’autre part je n’ai pas la prétention de faire un rapport encyclopédique sur l’album (cette note vous semblera déjà suffisamment longue). Du coup, comme je n’ai pas mentionné le nom de Zooey Deschanel depuis au moins 3 secondes et demie, je vais juste signaler la chanson sur laquelle la demoiselle fait les chœurs et qui a la capacité de me faire me déchaîner toute seule dans mon salon sous les yeux effarés de mon chat : "Never Had Nobody Like You". Attention, anecdote personnelle : j’ai vécu un grand moment de solitude pas plus tard qu’hier soir lorsqu’après avoir enchaîné quelques acrobaties ridicules au rythme de cette chanson, j’ai honteusement réalisé qu’un mec et une nana étaient en train de me regarder, écroulés de rire, depuis l’allée du parking qui donne directement sur la baie vitrée de mon appartement. Promis, la prochaine fois je tire les rideaux…

A noter également la douceur de la chanson qui donne directement son nom à l’album, "Hold Time" :

Je m’arrête là pour le topo sur l’album que je vous invite à découvrir par vous-même. J’ai longuement hésité entre celui-ci et Post-War qui est lui aussi un vrai petit bijou et que j’ai découvert en premier. La seule chose que je peux dire pour vous encourager à écouter, c’est que si vous aimez les chansons des années 50-60 sans non plus rechercher l'imitation, si vous aimez les grands songwriters anglophones qui sont aujourd’hui entrés dans la légende américaine, et enfin si vous aimez la guitare en général, alors vous apprécierez certainement cet album et l’œuvre de Matt Ward dans son ensemble. Son style est intemporel, et bien que ses influences soient évidentes, elles n’ enlèvent rien à son talent. Il ne s’agit pas d’un hurluberlu essayant de copier ses idoles mais d’un artiste unique et inspiré produisant des chansons capables de parler à toutes les générations.

Last but not least

Il faut quand même que je le souligne avant de clore cette note, puisque ça n’est pas non plus étranger à mon intérêt démesuré pour cet artiste : l’impression de normalité qu’il dégage le rend d'autant plus attachant. Il ne fume pas, ne boit pas, ne fait pas la fête après ses concerts, s’habille tout à fait simplement, joue de la guitare sans effet ni gestuelle exagérés, n’aime pas être loin de chez lui, et apprenait à lire aux enfants avant de se lancer en tant qu’artiste [définitivement yummy !]. Alors qu’il aurait tout le loisir de manifester de manière "visuelle" l’étendue de son talent, Ward aime avant tout la discrétion, ce qui n’est peut-être pas à son avantage professionnellement parlant. Cela explique probablement la raison pour laquelle il est si peu connu, mais n’entrave heureusement pas sa créativité et sa productivité artistiques.

Et juste histoire de quand même vous donner un petit aperçu de Post-War (bien que ça ne soit pas la chanson la plus emblématique), montez le son et écoutez ça [je vous donne mon autorisation pour sauter partout en agitant les bras en l'air] :

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Commentaires
S
Matt Ward ? Des chansons ennuyeuses ? Hérésie !!! :-) Matt est tout sauf ennuyeux, et il est aussi doué dans la douceur que dans le péchu. Pour moi, c'est vraiment un artiste complet et original !
C
Merci pour la découverte!<br /> <br /> J'en avais parlé avec Pierre Mornet, qui est mon peintre préféré, que j'ai retrouvé justement au concert de She & Him, et qui m'avait dit que M.Ward faisait des chansons hyper ennuyeuses quand il était seul, mais là je vais écouter pour me forger ma propre opinion! De toute façon il n'avait pas vraiment aimé the Chapin Sisters, ce que je trouve complètement dingue!<br /> <br /> Merci encore!
R
Ça y est, j'ai trouvé le temps d'écouter les vidéos (non, pas de les regarder) et je dois dire qu'il m'a enchantée. C'est valable pour l'artiste, mais aussi pour l'homme qu'il semble être, ça j'adore.
R
Quand tu aimes, tu n'aimes pas à moitié !<br /> J'avoue, en entendant les morceaux que tu nous a sélectionnés, que çà vaut la peine !<br /> Dylan et Neil Young, voilà des repères qui me parlent et m'enchantent !<br /> Tél*rama, je déteste !<br /> Merci de m'avoir fait découvrir (ben oui, non, je ne connaissais pas !) ce chanteur tout simple à la musique supeeeerbe !<br /> ça doit rendre beaucoup mieux en concert, mais là, déjà, c'est woaow !!!
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