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Faites comme chez moi!
16 avril 2010

Qui a eu cette idée folle ?

Si ça ne tenait qu'à moi et si j'avais un ami Président de la République pour me pistonner, je serais ministre de  l'Education Nationale. Sans dec'. J'ai toujours eu des envies irrépressibles de réformer l'école. Je crois que ça  m'est venu lorsque ma mère a arbitrairement décidé de m'y emmener tous les jours, vers l'âge de 3 ans [bien qu'à  cette époque j'avais un avis encore assez flou sur la direction à donner à mon avenir professionnel].

Pour avoir expérimenté 2 systèmes très différents - le système français en tant qu'élève et le système britannique en tant que prof - et pour systématiquement sortir quelques jurons bien sentis lorsque les enseignants descendent  dans la rue pour manifester leur mécontentement aux projets de réforme du gouvernement, j'ai moi-même quelques petites idées à proposer qu'on devrait d'ailleurs rendre obligatoire sans demander l'avis de personne. Merde à la démocratie.

D'abord, qu'est-ce que c'est que ce bordel avec les vacances scolaires ? Est-ce qu'un enfant a biologiquement besoin d'avoir 10 jours de repos à la Toussaint, 2 semaines à Noël, 2 semaines à Pâques et - au minimum - 2 mois en été ? Parce que finalement, c'est tout de même une minorité d'entre eux qui vient encombrer les pistes de ski l'hiver et les plages de sable fin l'été. La plupart fait quoi ? Elle larve honteusement à la maison devant la télé ou - pour les moins chanceux - elle traîne dans la rue. Et puis c'est toujours un problème de faire garder ses chiards pour des parents qui travaillent et qui n'ont, eux, *que* 5 pauvres semaines de congés payés [Humour]. Regardez-moi dans les yeux et répondez-moi franchement : est-ce qu'il ne serait pas plus raisonnable d'alléger le nombre d'heures de cours par semaine et de diminuer le nombre de jours de vacances, quitte à créer au sein des écoles des structures permettant aux enfants de pratiquer des activités sportives ou artistiques - ou au pire de créer des structures de baby-sitting collectif - s'ils ne sont pas en mesure de rentrer directement à la maison après les cours ? En Angleterre et dans bien d'autres pays, les moutards finissent l'école vers 14 ou 15h alors que de mon temps, avant la disparition des dinosaures, il m'arrivait parfois de commencer à 8h et de finir à 18h, avec sur le dos un cartable de 800 kg à trimballer toute la journée de salle en salle. Cherchez l'erreur... Est-ce que 4 mois de vacances par an compense raisonnablement des journées de cours surchargées et plusieurs générations de victimes de scoliose ?

Le but fondamental de l'école aujourd'hui, c'est de ranger les élèves dans des cases. Il y a les littéraires, les scientifiques et les économistes ; et puis il y a ceux qui n'appartiennent à aucune des catégories sus-mentionnées, ceux qui ne rentrent dans aucun moule, que l'ont considère comme étant en échec scolaire et dont on se débarrasse de manière totalement aléatoire en les envoyant dans des filières où ils n'ont souvent rien à faire. Prenez ma meilleure cops qui tue, par exemple. Elle est dyslexique avancée mention nulle en maths. Eh bien croyez-le ou pas, on l'a orientée après la 3ème en filière secrétariat-comptabilité ! True Story. Ouais parce qu'apparemment, c'est pas trop grave dans la vie si une secrétaire fait des fautes d'orthographe à tous les mots et si un comptable est fâché avec les chiffres. En Angleterre, à partir de 15 ans, les élèves sont libres de choisir 3 à 4 matières qui les intéressent, et peu importe s'ils veulent à la fois faire des maths, de la littérature, de la biologie et du foot, ou de l'histoire, du latin, de la chimie et de la couture. Peu importe qu'il n'y ait que 10 élèves pour une matière particulière et 25 pour une autre. Ils choisissent par affinités, par goût, par aptitude et par motivation. Les profs n'essayent pas de réduire leur profil à de simples filières imposées, parce que chez les anglo-saxons, la réussite passe essentiellement par l'accomplissement personnel. Et ma cops, elle aurait trop aimé pouvoir combiner l'EPS avec le dessin et le théâtre sans nécessairement changer de bahut. Mais c'était pas trop trop possible, vu qu'elle était cataloguée comme "QI désespérant". Je ne veux pas dire pour autant que dans le système des Rosbeefs, personne ne reste sur le carreau. Le manque de moyens des écoles publiques (bien plus grave qu'en France) et le coût des études universitaires opère sa propre sélection sociale mais, "en théorie", le système est bon à condition qu'il soit convenablement appliqué.

L'idée lancée par le gouvernement français il y a deux ans de réformer le lycée en s'inspirant du modèle britannique, qui consiste à réduire les matières obligatoires laissant ainsi une plus grande liberté choix aux élèves dans leurs options, a suscité les hauts cris. Les professeurs dénonçaient le manque évident de culture générale que ce modèle allait irrémédiablement entraîner [comme si les élèves n'en manquaient pas déjà !], misaient sur des matières amenées à disparaître par manque d'intérêt de la part des élèves. Et alors ? Qu'est-ce qui est le plus important ? La sécurité et le confort bien assis d'un système défaillant ou l'accomplissement d'un individu qui n'a pas nécessairement la volonté de se retrouver enfermé dans une case hors de laquelle il lui sera difficile de sortir ? Ma propre expérience de "littéraire" voulant faire un BTS Environnement en est la preuve. Je me suis retrouvée face à un mur. "Pas de passerelle", m'a-t-on dit. J'avais même suggéré de "régresser" afin de repasser un bac pro. "Pas possible, Mademoiselle, vous avez déjà un bac général, vous n'allez pas passer un bac pro, c'est absurde !". J'avais 18 ans et, contrairement à bon nombre d'élèves, un projet professionnel.

De ma propre frustration est née une colère incisive contre un dispositif unilatéral et étriqué qui ferme des voies et défait des ambitions simplement parce que toute réforme est impossible dans un pays trop contestataire comme la France. Je vous l'accorde, rien de bon ne passe par la force et rien de bon ne passe face à une opposition systématique. Mais du coup, rien ne passe tout court. Jamais. Depuis que j'ai quitté le système éducatif, rien n'a changé. Mes petits cousins se heurtent aux mêmes obstacles que moi, les autorités éducatives ne se sont pas remises en question et le gouvernement finit par capituler sous le poids de la masse populaire-qui-a-toujours-raison.

J'aurais bien envie de dire "Pays de merde", bien que je ne le pense pas (encore) totalement. Mais ça ne ferait de mal à personne de regarder ce qui se fait ailleurs et d'emprunter les idées qui marchent dans les autres pays en les adaptant à notre propre culture. En attendant, les vacances de Pâques commencent. Les dés sont déjà jetés pour la plupart des élèves dont la  motivation à bosser pour passer en classe supérieure s'est arrêtée en même temps que leur dernier conseil de classe début avril. En dehors des bacheliers qui vont encore potasser quelques semaines, l'année scolaire s'arrête là. Bienheureux ceux qui ont la chance de se trouver dans une filière qui leur convient... Pour ceux qui se cherchent ou qui ne rentrent pas dans la norme : bonne chance.

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Commentaires
R
A OK. Alors après trois ans de discussions, j'adhère (merci pour ta patience).
S
Oui, c'est assez. Parce que le cursus est "normal" jusqu'à la fin de 3ème, voire la fin de la seconde. Ca laisse quand même pas mal d'années pour inculquer l'essentiel académique à un individu !
R
Oui, mais ma question en fait c'est : est-ce que 2 matières c'est assez. Parce que moi je regarde les cursus que j'ai fait, et il a toujours beaucoup de matières (seules l'histoire géo et la philo ne m'ont servi à rien et le sport aussi, mais ça aide à l'entretien).<br /> Il ne faut pas croire que je sois contre, au contraire, mais je cherche juste à voir un peu dans quoi on s'engagerait et par là même à me faire l'avocat du diable.
R
Ah tu penses donc comme moi ? !<br /> Mais POURQUOI ceux qui décident n'arrivent pas à réfléchir comme ça ?<br /> Pourquoi est ce que bouger un tout petit truc prend des années et se heurte TOUJOURS au désaccord des "je veux le samedi" ou des " je veux 2 mois" ou des "on ne change pas un truc qui ne marche pas" .....<br /> Tu ne veux pas écrire une petite lettre ouverte à Marianne ????
S
Bah il te reste quand même potentiellement 2 autres matières...
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